La bataille de Rocroi par Patrice Petit
 
 
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DES PRISONNIERS DE ROCROY DANS UNE ABBAYE DU MANS

(ou comment une affaire qui devait durer une nuit se prolongea 171 jours).

 

Les prisonniers de Rocroy ont été dispersés sur l'ensemble du royaume :
Rethel, Reims, Rouen, Alençon, Caen, Amboise, Loches, Nantes, Niort,
Nevers, Moulin, Clermont et Le Mans.

C'est dans une abbaye de la ville du Mans que notre histoire se passe.

Suite à une réforme, en 1633, l'abbaye Saint-Vincent du Mans avait vu arriver la congrégation de St Maur en remplacement de Chezal Benoît. La plupart
des religieux de la ville avaient très mal accepté la venue de cette congrégation
dans leurs murs. Dix ans plus tard, le conseil de ville avait encore une majorité
d'amis opposés aux occupants de l'abbaye. Leur chef, le lieutenant général
François Le Vayer, avait reçu le 30 mai une lettre du roi, le prévenant du proche
envoi de prisonniers de Rocroy. Le Vayer s'était bien gardé d'en parler.
Une affaire qui échauffa l'esprit des Manceaux, pendant près de six mois et
où les moines de St Vincent devinrent les prisonniers des vaincus de Rocroy.
Le 23 juin, cent quarante-huit prisonniers espagnols arrivèrent aux portes de la ville,
sous l'effet de surprise. Le Vayer convoqua Don Bède de Fiesque, père abbé
de St. Vincent. Celui-ci était le fils du marquis de Fiesque descendant des
doges de Gênes et sa famille tenait un haut rang à la cour de France....